Le contrat de mariage Misyar

Le mariage misyar ( المسيار‎), est un contrat de mariage musulman dans lequel l’épouse renonce librement à certains de ses droits.

Cette possibilité est inscrite dans la Sunna :

“Et si une femme craint de son mari abandon ou indifférence, alors ce n’est pas un péché pour les deux s’ils se réconcilient par un compromis quelconque, et la réconciliation est meilleure, puisque les âmes sont portées à la ladrerie. Mais si vous agissez bien et que vous êtes pieux… Dieu est, certes, parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.”
(Coran 4-128)

Le verset ci-dessus a été révélé concernant un tel cas. Le Coran parle également de compromis et d’arrangements possibles entre le mari et son épouse.

“Donnez leurs douaires à [vos] femmes, spontanément.
Si elles vous font don gracieux de quelque chose de [leur douaire] mangez-le en paix et tranquillité”.
(Le saint Coran 4-4)

Ces droits concernent :

• La vie en commun de manière permanente
• Le paiement des dépenses de l’épouse et de la famille par le mari (nafaqa)
• Le partage équitable des nuits (polygamie)

Le terme misyar en arabe signifie notamment “en transit, ne pas rester longtemps”.

Les clauses de renonciations inscrites dans le contrat misyar sont des promesses faites par l’épouse de ne pas réclamer certains de ses droits (le partage équitable des nuits par exemple).

L’épouse ne peut cependant renoncer à ses droits de manière définitive car ils sont sacrés.

L’épouse peut respecter sa ou ses promesses aussi longtemps qu’elle le souhaite, puis reprendre tout ou partie de ses droits si elle en a besoin ou non, et quand elle le désire sans aucune justification.

Le site Nikahcontrat.com propose toute une série de clauses détaillées afin d’être au plus proche des attentes des époux dans ce type de mariage.

L’épouse peut ainsi, par exemple, continuer à mener une vie séparée de celle de son mari, vivant dans son logement et/ou subvenant à ses besoins par ses propres moyens. Son mari ayant le droit de se rendre chez elle (ou chez ses parents) quand il le souhaite ou comme les époux l’ont décidé.

Contrairement à ce que pensent de nombreux musulmans, le contrat de mariage misyar est un mariage ordinaire, comparable à un mariage traditionnel excepté seulement ces clauses de renonciation.

Selon le Cheikh Yusuf Qaradawi, le mariage Misyar, ou quelque chose de similaire, est pratiqué depuis des temps très anciens (Boukhari Hadith 2450).

Le mariage mysiar relève du droit musulman général, de la Charia, et est donc tout à fait légal et valide, à la condition que soient respectées les exigences normales du contrat de mariage musulman légiféré (accord des parties, présence d’un représentant légal selon certaines écoles, versement par le mari à son épouse d’une dot, présence des témoins).

Cela a été confirmé par les plus hautes autorités de l’Islam comme le Cheikh d’Al-Azahr Muhammed Sayyed Tantawi dans une fatwa (Gulf News, 12 mai 2006), par l’ancien grand Mufti d’Egypte Nasr Faredd Wassel (dans son livre Hassouna addimashqi, Arfane : Nikah al misyar (2000),en arabe) ou encore par le Cheikh Yusuf Qaradawi (Dans son livre “Kalimah Hadi’ah Hawla Zawaj al-Misyar”, Majallat al-Mujtama, numéro 13.1 26/5/1998)

En 2006, l’Académie Islamique du fiqh, organisme affilié à l’organisation de la conférence islamique (OCI) a confirmé par une fatwa, la légalité du contrat de mariage misyar. (Gulf News 17 mars 2007).

Il n’en reste pas moins que s’il existe un large consensus sur la validité dans l’Islam du contrat le mariage misyar, certains savants considèrent qu’il peut être problématique pour l’épouse, la famille et la oumma en général.

De nombreux autres savants pensent au contraire que le contrat de mariage misyar peut aider des millions de musulmans dans le monde à se marier et avoir des enfants tout en respectant les commandements de la loi islamique.

C’est aux époux de décider quelle vie conjugale ils veulent avoir en choisissant le contrat le de mariage qui correspond le mieux à leurs attentes.